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Co-développement

Co-développement

Le 3 février 2025

Dans le cadre du programme d’innovation sociale Entreprendre sa Liberté, les associations lauréates ont pu échanger avec des personnalités du monde pénitentiaire et de la justice sur les enjeux de l’entrepreneuriat comme levier de remobilisation sociale et professionnelle. Cette rencontre s’est déroulée à la Filature, dans la cadre d’une journée de co-développement inter associations, animée par Act’ice.

Sylvain Lhuissier et Quiterie Zeller du programme Act’ice ont animé une table ronde sur l’envie d’entreprendre des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) avec le collectif d’associations du programme Entreprendre sa Liberté : La Croix-Rouge française et l’incubateur 21, Les Foyers Matter et Réseau Entreprendre Rhône, ExplorJob et les Apprentis d’Auteuil (Grenoble), Toi-même tu parles et Activ’action.

A cette occasion, Anne Lefèvre, cheffe de l’unité des politiques publiques d’insertion à  la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires (DISP) de Lille, Claire Popineau-Castex, directrice des services pénitentiaires au sein du Ministère de la Justice, directrice du projet InSERRE, Julie Soulier, chargée de relations partenariales au sein de France Travail, responsable du projet « Accompagnement des PPSMJ » et Hortense Chupin, référente nationale du travail pénitentiaire au sein du Ministère de la justice-Atigip,  sont venues témoignées des enjeux de remobilisation, d’insertion sociale et professionnelle.

Des échanges constructifs autour de ce public fragile, en milieu fermé ou ouvert (à l’intérieur ou en dehors d’un établissement pénitentiaire) ont permis aux associations de mieux appréhender la relation avec les personnels de justice et de comprendre certains écueils auxquels elles font face.

L’entrepreneuriat est une démarche intéressante pour les acteurs de la justice, car elle s’inscrit parmi les leviers de remobilisation et de réinsertion des personnes sous main de justice. Il y a un réel enjeu à construire une relation de confiance et pérenne avec les conseillers des Services Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) dès le début de l’accompagnement, voire en amont, souligne Anne Lefevre.  

Pour certaines personnes placées sous main de justice, l’entrepreneuriat est souvent associé à facteur de liberté. Cependant, il résonne aussi comme une solution qui peut paraître inaccessible : je n’ai pas les compétences, est-ce que je suis légitime… ? L’entrepreneuriat peut aussi être vu comme une solution à l’écueil de leur réputation ou d’image, qui est souvent un frein dans le cadre du salariat.

Julie Soulier a indiqué que 180 conseillers France Travail avaient accompagné 11 500 personnes dans leur réinsertion professionnelle en 2024. Les ateliers dédiés à la création de projets (M’imaginer Créateur et Activ’Créa) sont également proposés auprès des personnes placées sous main de justice. Il y a un vrai enjeu à maintenir un lien « dedans dehors » pendant toute la durée de leur projet.

Claire Popineau-Castex indique que l’offre métiers reste limitée pour les PPSMJ et que proposer un levier différent comme la démarche entrepreneuriale est une ouverture très intéressante. Mais certains écueils inhérents à l’application de peines peuvent freiner la création de projets, comme l’accès à internet… et des questions se posent comme la circulation de l’argent pendant l’activité créée, précise Claire Popineau-Castex.

Hortense Chupin indique que l’expérience de la démarche entrepreneuriale est accueillie positivement par les directeurs d’établissements et reçoit aussi le soutien des familles des personnes placées sous main de justice. Ce qui est intéressant avec le programme Entreprendre sa Liberté, c’est qu’il met en relations toutes les structures de suivi, dedans-dehors. Il y a un enjeu à acculturer toutes les personnes de notre écosystème à l’entrepreneuriat pour faire évoluer les perceptions et l’imaginaire souvent erronés qui en découlent.

Dans 10 ans, on aimerait pouvoir dire qu’il n’y a plus de différence entre une personne placée sous main de justice et une personne de droit commun, et qu’elle ne soit plus stigmatisée à cause de son casier judiciaire, conclut Hortense Chupin.   

La programme Entreprendre sa Liberté a bien pour objectif d’accompagner à la remobilisation et à la réinsertion des personnes sous main de justice, par la voie de la démarche entrepreneuriale : par l’acquisition de nouvelles compétences, en retrouvant la confiance en soi, en prenant en main la gestion de son projet professionnel et personnel.

Le programme Entreprendre sa Liberté est cofinancé par un collectif de mécènes, La Fondation Entreprendre, la fondation d’entreprise du groupe M6, le Chant des Etoile et Cegid Solidaire, en partenariat avec le Ministère de la Justice-Atigip.